Le nouvel esprit poétique au XXe siècle, Guillaume APOLLINAIRE (1880-1918) referat



Le nouvel esprit poétique au XXe siècle

Le syntagme esprit nouveau s'applique aux poètes Max Jacob, Blaise Cendrars, Pierre Reverdy et Guillaume. Apollinaire.  En 1917, Apollinaire est déclaré maitre incontestable de toutes les avant-gardes (« Mes vers, les parangons de toute poésie », affirme le poète avec grande assurance). Il prône haut et fort l'esprit nouveau dans la poésie. Une nouvelle période d'effervescence commence. Il n'y a plus de croyances aux valeurs esthétiques du siècle précédent. Le culte de la vitesse (le machinisme) est présent dans les manifestes littéraires qui aspirent à prendre en charge les métamorphoses ambiantes.

On identifie cinq lignes de force qui caractérisent cette période :



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  • l'abandon du vers au profit des formes plus libres ;
  • l'intégration des forces de l'inconscient dans le flux du langage ;
  • la reconnaissance de la valeur polysémique des mots ;
  • la fascination-émulation exercée par les arts voisins, la compénétration des arts (peinture et musique) ; l'atelier de Picasso est le lieu de rencontre entre écrivains et artistes tels que Chagall et Braque ;
  • la tentation de l'engagement.
  •  

    Tristan Tzara lance Dada, étiquette qui est volontairement dérisoire et provocatrice, et implique un refus total de la littérature littérale. Br eton estime qu'à la destruction dadaïste doit succéder la conquête surréaliste. C'est à Apollinaire d'inventer des poèmes-conversations et des calligrammes. Par l'humour et l'ironie, les poètes s'interrogent sur l'homme et ses pouvoirs. Le langage devient le lieu d'une suspicion permanente. Les attitudes des créateurs sont diverses : une rage autodestructrice chez Michaux, des formes gentiment corrosives chez Jacques Prévert, une écriture automatique (laisser les mots aller) dont le champion est Robert Desnos dans le groupe surréaliste. Le ludisme règne dans la poésie.

    Au XXe siècle, le poème ne dépend plus d'indices tout extérieurs, mais des marques intérieures plus secrètes. L'univers poétique est à nul autre pareil. Dans cette ère de rupture inaugurale, le besoin de définir la poésie se fait sentir. Pour Saint-John Perse ce sera le lieu même de l'éloge et de la célébration. Pour Raymond Queneau, dans Pour un art poétique, c'est prendre de distance ludique avec les prétendus pouvoirs que la poésie croit détenir du romantisme. 

    La poésie devient l'art de charger les mots d'un maximum de sens, d'en faire miroiter les multiples facettes à l'aide du contexte et de la syntaxe. Jouer avec les mots est une forme de refus de l'emprisonnement idéologique, une « fête de l'intellect » (Valéry), une « débacle de l'intellect » (Eluard).

    Dans la poésie se reflète le monde moderne industriel avec ses machines et usines. De nouveaux motifs apparaissent : les tramways, les bars crapuleux et sordides, les marginaux, les immigrants juifs. L'inspiration est puisée de la ville, de la réalité quotidienne, voire triviale de la rue (enseignes et affiches publicitaires, chez Blaise Cendrars on retrouve la dénomination des voies urbaines). L'influence de la peinture cubiste sur la poésie est certaine : proposer des images poétiques simultanées par juxtaposition de fragments d'existence séparés dans le temps et dans l'espace est une audace inouïe. La fantaisie est à l'honneur : jeux de mots, calambours, langage volontiers trivial dans un poème sérieux. La portée surréaliste n'est pas loin lorsqu'Apollinaire écrit dans Zone :

    « C'est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs 

    Il détient le record du monde pour la hauteur ».

    Guillaume APOLLINAIRE (1880-1918)

    • Breton : « Apollinaire pilote de cœur laissons-nous seulement gouverner ».
    • A. Billy : « A est le dernier des romantiques », « le grand aventurier de l'esprit ».
    • R. Sabatier : « A. donne le ABC de toute une poésie dans 3 titres : A, c'est Alcools, B, c'est Bestiaire (ou le Cortège d'Orphée, 1911), C, c'est Calligrammes », poèmes de la paix et de la guerre).
    • Duhamel : A est un brocanteur

    Son credo : créer/ provoquer un « beau désordre » : « J'émerveille »

    Le but de sa poésie : exalter la vie sous quelque forme qu'elle se présente

    A est un innovateur dans le sens qu'il a eu l'intuition des possibilités d'explorer l'inconscient et de la liberté totale de la pensée et de l'expression. Esprit clair et lucide, A se fie non pas à l'alchimie verbale, à l'inspiration musicale, mais aux événements de la vie, aux transformations de la société. Il y puise la source des visions nouvelles. Epris de culture livresque, défenseur des fauves, des cubistes, des futuristes, animateurs du modernisme.

    D'origine polonaise (de son vrai nom Wilhelm Apollinaris de Kostrowistzky), A. nait à Rome. Sa naissance mystérieuse fait naitre une légende. Sa mère, une jeune aristocrate lituanienne, un être fantasque aux goûts nomades, l'a nourri du mystère de sa naissance. Apollinaire est précepteur, ensuite employé bancaire. Naturalisé français en 1916, il s'engage comme volontaire dans la guerre. Il y est blessé en 1917 et meurt jeune de la grippe espagnole. Du collège à la guerre, l'homme A est imprégné par ses itinéraires, par la civilisation qui l'entoure. Il a fait d'immenses lectures, source d'érudition étonnante, mais dispersée (mythes antiques, légendes médiévales)

    Il fait ses débuts à 18 ans. 1913 : année des nombreuses publications importantes. A part le recueil Alcools, il publie des méditations esthétiques sur Picasso, Braque, Picabia, Marie Laurencin. 

    Il sera le chef de file d'une nouvelle génération de poètes. Il tate plusieurs domaines : poète, critique d'art, essayiste, journaliste au Mercure de France (où il tient la rubrique de la vie anecdotique), romancier licencieux (Les exploits d'un jeune don Juan, 1907, Les onze mille verges ou les amours d'un hospodar [ Mony Bibescu], Mirely ou le petit trou pas cher - des romans écrits sur commande), poète dramatique  (voir la pièce avant-gardiste Les Mamelles de Tirésias), scénariste.

    A est un poète érudit : la poésie regorge de mots rares et savants, il a une prédilection pour les jeux sur la sonorité, l'étrangeté, il recherche le pouvoir d'évocation des mots. Derrière la politesse de l'humour, A est un poète grave, un vrai créateur sous des allures faussement mystificatrices. Il cultive délibérément une poétique de l'arbitraire et de la surprise qui réclame de la part de son lecteur de l'imagination et de la voyance. Il unit le sens de la plasticité à celui de la mélodie.

    Il pratique une esthétique du discontinu : associations aléatoires et improvisation d'images porteuses de sens. Il refuse le lyrisme grandiloquent. Quand il éprouve le chagrin du poète mal-aimé, il entre dans la trivialité :

    « J'ai le cœur aussi gros

    Qu'un cul de dame damascène. »

    On y remarque un vers simple d'une grossièreté provocatrice, la fantaisie verbale, la répétition cocasse (da-da) afin de souligner la souffrance intense.           

    Sa biographie est inséparable de la création poétique. Ses amours sont des inspiratrices inoubliables : Annie Playden, une Anglaise, gouvernante de son élève (Annie dans Alcools pour qui il écrit La Chanson du mal-aimé) ; Marie Laurencin, aquarelliste du cercle de Picasso, compagne et muse jusqu'en 1912 lorsqu'elle rompt à cause de la jalousie morbide d'A, a exercé une grande influence sur la sensibilité d'A (Sous le pont Mirabeau;  Louise de Coligny (Lou des Calligrammes, amour malheureux et non partagé : « O cruelle Alouette au cœur dur de vautour »), Madeleine Pagès, Madelon (Ombre de mon amour, Tendre comme le souvenir - poèmes posthumes). Il épouse Jacqueline Kolb à laquelle il dédie La Jolie Rousse.

    Le thème de l'amour (pour Annie et Marie dans Chanson du mal-aimé) se conjugue avec celui de la fuite du temps. Le thème de la guerre va de pair aussi avec le motif de la femme aimée. Le « métier de soldat » (sous-lieutenant) lui inspire des poèmes de guerre exquis : Le poète assassiné.

    Certaines poésies sont des chants lyriques où l'intensité du sentiment retrouve la simplicité de l'expression : l'anaphore dans Il y a où un vers tel que « L'angoisse de l'amour te serre le gosier ».

    A sait exploiter différentes tonalités : élégiaque, symboliste, fantaisiste. Fait paradoxal, il se sent isolé dans le monde des lettres et dans sa vie sentimentale. On retrouve dans la poésie l'influence de la chanson médiévale (Villon, Ronsard et Scève), l'influence de Verlaine, Laforgue, Mallarmé (haut symboliste) et les éclairs rimbaldiens.

                Il a su amalgamer son goût de l

    a tradition du vers classique avec son pouvoir mnémotechnique et la musicalité de la romance quotidienne à un langage nouveau, propre à un monde moderne, unir le populaire et le savant, l'élaboré et le spontané, le sentiment à la recherche.

    Deux grands recueils :  

    1. Alcools (1913)- premier recueil révolutionnaire malgré la versification régulière ; forte influence symboliste ; la critique est peu enthousiaste

    Thèmes : souffrances et émotions du poète ; chant du monde moderne ; évocation de Paris ; l'amour et la création artistique ; le souvenir

    L'unité thématique se retrouve dans la structure de profondeur et dans le jeu d'images : l'eau, le feu, la mort, la renaissance sont des thèmes récurrents qui se répondent

    Zone est la manifeste de la modernité en 59 vers. C'est un poème cubiste (éléments composites, disparité en toute liberté, inspiration vagabonde) qui unit les contraires : la poésie rêveuse, même sentimentale, l'utilisation des matériaux bruts et les apports concrets. Il y a la frontière entre hier et demain.

                Zone est un poème qui va d'un bout à l'autre du temps et du monde, de pays en pays. Des oiseaux précieux ou de fantaisie voltigent avec les anges autour d'un Christ aviateur.

    Elan créateur, virtuosité, cosmopolitisme, mélancolie planétaire, confession émouvante bric-à-brac, inspiration livresque, il y a de tout dans Alcools.

    Vers-seuil et incipit-clé : « A la fin tu es las de ce monde ancien » où tu = moi poétique ; le monde ancien = époque des vagues parnassiennes et symbolistes

                L'Adieu - un quintile plein de contradictions ; à la fois un adieu et un « au revoir » paradoxal (« je t'attends » final)

    « J'ai cueilli ce brin de bruyère

    L'automne est morte souviens-t-en

    Nous ne verrons plus sur terre

    Odeur du temps brin de bruyère

    Et souviens-toi que je t'attends »

    Pour l'analyse : la bruyère - fleur du souvenir, fleur de la fidélité amoureuse selon la symbolique codée ; automne morte (au fém.) ; odeur de bruyère (légère) devient odeur du temps (passé et futur)

    1. Calligrammes (1918) - poèmes tactiles sous l'influence de Mallarmé (du symbolisme totémique), de l'écriture cunéiforme, de l'idéogramme chinois

    Esotérisme et représentation simultanée. A exploite la possibilité figurative du vers.

    Exemples : La Cravate et la montre, Les Fenêtres, La Pluie.

    Les Calligrammes dessinent le profil de l'objet du poème. On se figure une maison, un arbrisseau, un cigare et sa fumée de lettres, une cravate et une montre, un cœur et un miroir, une fine pluie qui tombe.

    Les Rhénanes -  veine des légendes allemandes ; 15 poèmes.

    Sur quelques poèmes ;

    ·        Le pont Mirabeau - chanson de toile du XIIe siècle pour les rimes et les refrains.

    ·        La Chanson du mal-aimé - rythme de Villon

    ·        Les Colchiques - vers libres : « Le pré est vénéneux mais joli en automne ».

    ·        Chantre - poème en un seul vers, de la poésie pure : « Et l'unique cordeau des trompettes marines »

    ·        Le Voyageur - « Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant ».

    ·        Saltimbanques, La Tzigane, Les Cloches - goût pour les baladins

    ·        Vendémiaire - poème étrange, début par un appel audacieux : « Homme de l'avenir souvenez-vous de moi ! »

    Trouvailles poétiques d'A :

    • la juxtaposition : je/tu ; présent / passé ; ici / ailleurs ;
    • l'introduction des vers isolés ce qui donne un style fragmenté et fragmentaire ; pour briser la structure, la linéarité
    • la suppression de la ponctuation ; c'est la plus grande trouvaille 
    • l'association des registres de langue différents afin de chercher des contrastes saisissants ; ces associations sont imprévues et hardies.
    • l'agencement des métaphores filées  (voir les poèmes-conversations où les dialogues banals font penser au prosaïsme);
    • l'ambiguïté pour disloquer le réel et créer les effets de rêve, le glissement vers le cauchemar, la surprise ; la pluralité de sens est utilisée dans ce sens ; l'absence de la ponctuation est un facteur enrichissant ;
    • l'animation ; la personnification ; les jeux animé / inanimé : troupeaux de ponts qui bêlent, d'autobus mugissants, plaintif des paysages ; des métaphores frappantes (villes qui vomissent la nuit, l'avion-oiseau)
    • l'application au vers des règles du cubisme ; c'est là une vraie révolution esthétique = libérer les vers de la logique quotidienne, donner libre cours aux rêves


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